Expositions virtuelles > Lutter

Introduction

En 2023, la France est secouée par une succession de mobilisations contre la réforme des retraites, que le gouvernement promulguera finalement à coup de 49.3 le 16 mars 2023. Comme des millions de grévistes, j'ai suivi les différentes mobilisations afin de lutter contre l'instauration de la retraite à 64 ans. Bien que parmi les manifestants au début des manifestations, j'ai très vite eu l'envie d'immortaliser les évènements en rejoignant les photographes qui suivaient eux aussi le cortège.

Les clichés que je vous propose de découvrir suivent les évènements des 10ème et 11ème journées de mobilisations à Nantes. Mobilisations qui ont eu lieu bien après le passage en force de la réforme. Alors que la manifestation se déroulait dans le calme, très vite, des casseurs l'ont fait basculer dans une violence inouïe.

J'ai choisi le titre "Lutter" pour différentes raisons. En premier lieu, pour saluer la lutte du peuple français contre une réforme qu'il juge socialement injuste. Ensuite, pour saluer celle des forces de l'ordre pour un retour au calme. Et enfin, pour saluer les pompiers qui n'ont pas fléchis face aux flammes.

Avant de vous laisser découvrir l'exposition, je tiens à vous avertir que certaines images peuvent choquer, notamment dans la deuxième partie de l'exposition. Je tiens d'ailleurs à dire que je suis contre toute forme de violence et dégradation du bien public.

- Le calme -

Un homme lit son journal pendant que l'ensemble des grévistes se rassemble pour ne former qu'une dense foule.

Le cortège avance lentement mais sûrement en chanson, en criant des slogans ou tout simplement en discutant.

Parfois, des fumigènes sont allumés. Les drapeaux toujours levés.

Un groupe de musique joue des percussions, parmi le groupe des lycéens. Lors d'un arrêt, les grévistes en profitent pour former un cercle et danser autour d'eux.

Je ne m'en était pas rendu compte tout de suite mais en regardant attentivement les musiciens, on peu voir qu'ils portent également des lunettes de piscine qui sont souvent utilisées contre les gaz lacrymogènes. C'est en retravaillant le cliché que je me suis posé la question s'il ne faisaient pas eux aussi partie du groupe Black Bloc. Dans ce cas, pourquoi s'habiller en rose ? Est-ce une mouvance pacifique du groupe ? La question se pose.

A l'arrière, nous pouvons lire deux pancartes. La première "Macron Explosion" est radicale tandis que la seconde mêle le combat contre la réforme des retraites à celle pour le climat "Retraite/Climat même combat / Pas de retraite sans planète !"

Lors de manifestations, j'aime beaucoup lire les pancartes. On peut en retrouver de très radicales, comme celle de gauche, mais aussi des humoristiques.

En parlant de pancartes humoristiques, celle-ci est particulièrement drôle.

- La tempête -

Après un calme relatif, la manifestation commence à tourner rapidement à l'orage. Les casseurs taguent des murs, cassent du mobilier urbain en y mettant parfois le feu.

Pour exemple, un abris de bus a été saccagé et une poubelle incendiée.

Face aux premières dégradations, les forces de l'ordre s'organisent afin de contenir le cortège et les différents individus commettant des dégradations. Le gaz lacrymogène est employé pour disperser la foule.

Je me retrouve obligé de passer par une rue adjacente, comme le reste des manifestants afin de ne pas subir les effets des lacrymogènes.

Après cette première lutte entre les forces de l'ordre et les casseurs, c'est le retour d'un temps d'arrêt et du calme. Enfin, c'est ce que je pensais. Car en arrivant sur la place centrale de Nantes, je découvre, comme bien d'autres, des planches de bois et des poubelles en train de brûler sur les voies du tramway. Aussi, certains individus montent sur les arrêts de bus. Ici, l'un d'entre eux tend une affiche. La foule suit le "Hurlez" en se mettant à crier.

Face à cette violence qui monte, je décide de me mettre un peu en retrait de la manifestation tout en suivant les évènements. Je pense d'abord à ma propre sécurité. Des explosions se font entendre. Ce sont des grenades de désencerclement. Il y a aussi des fumigènes et des gaz lacrymogènes qui sont de nouveaux employés.

La façade d'une banque est enflammée. Les pompiers arrivent rapidement pour éteindre les flammes et les forces de l'ordre assurent leur sécurité. Chacun à sa lutte ! La police contre les casseurs et les pompiers contre les flammes.

Après cette double lutte, le calme revient une nouvelle fois bien que pas pour très longtemps. Car en effet, quelques centaines de mètres plus loin, les flammes vont encore faire rage et les pompiers vont se retrouver à lutter une nouvelle fois contre le feu.

Des manifestants avancent, d'autres affrontent la police et brûlent une voiture après l'avoir renversé sur le côté.

Les pompiers eux, luttent de manière acharnée contre deux feux. Celui de la voiture incendiée, mais également celui de poubelles qui ont été incendiées en plein milieu de la route. Route qui a par ailleurs était barrée avec des tuyaux de canalisations qui se trouvaient sur un chantier situé non loin de là.

- Je m'en vais -

Comme quelques photographes présents, je décide de quitter la manifestation qui en n'est plus une. En marchant, j'entends toujours des détonations et le bruit de la foule qui n'est plus dans la lutte de départ. Ce n'est plus la lutte contre la réforme du gouvernement, mais une lutte contre les forces de l'ordre.

Crédits

Je remercie l'ensemble des photographes de presse qui m'ont permis de les suivre et de réaliser ce reportage.

Je remercie également toutes les personnes avec qui j'ai pu discuter, qu'ils soient issus des manifestants, policiers, journalistes.

Matériel photo : Samsung Galaxy S22 Ultra

Matériel post-traitement : Samsung Galaxy S22 Ultra

Photographe : Anthony Monteiro